Banjul | Formation aux systèmes internationaux et régionaux de défense des droits humains

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Comment les défenseur.es peuvent-ils/elles améliorer la protection des droits humains sur le plan national en coopérant avec les mécanismes internationaux et régionaux relatifs aux droits humains ? Cette question était au cœur de la formation de 3 jours sur les systèmes internationaux et régionaux de défense des droits humains organisée à Banjul, en amont de la 63èmesession de la Commission Africaine.

Cette formation était organisée conjointement par ISHR, le Centre africain pour la démocratie et les études des droits de l’Homme, le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme et le Conseil national des droits de l’Homme du Maroc. Rassemblant des participant.es de 21 pays africains, elle s’est déroulée du 17 au 19 octobre 2018.

Le premier jour, les participant.es ont fait part de leurs attentes et dressé le bilan des droits humains dans leurs pays respectifs. La plupart espéraient approfondir leurs connaissances sur les organes de traités et, plus largement, sur les mécanismes de l’ONU en matière de droits humains. Ils/Elles souhaitaient également se familiariser davantage avec les mécanismes de protection des femmes, mieux comprendre comment la question des représailles était traitée aux plans international et régional, et tirer parti de l’expérience des autres participant.es pour renforcer leur capacité d’action. Des participant.es du Burundi, du Bénin, d’Algérie et du Kenya ont mis en avant les risques auxquels ils/elles font face, évoquant notamment les lois restrictives qui les limitent dans leur travail au sein de leurs pays respectifs.  

Toujours lors du premier jour de formation, les organisateurs/rices ont dressé un tableau succinct des mécanismes internationaux auxquels les défenseur.es peuvent s’adresser pour promouvoir la protection des droits humains. Les participant.es se sont notamment enquis de la stratégie à adopter pour promouvoir des thèmes particuliers, tels que les droits des migrants, des enfants ou des LGBTIQ, dans les cas où la défense de tels droits pouvait les mettre en danger à l’échelon local.   

Le deuxième jour a commencé par une présentation du système de défense des droits humains en Afrique. Les organisateurs/rices ont ensuite décrit brièvement le fonctionnement de la Commission Africaine et de ses mécanismes. Ils/Elles ont notamment évoqué les mécanismes spéciaux, le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant, et la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples. Cet exposé a permis aux défenseur.es de se faire une meilleure idée des missions respectives de ces différents organes, et de mieux comprendre la procédure à suivre pour demander le statut d’observateur et les possibilités de coopération offertes par ce statut.

Lors d’un débat consacré aux libertés d’expression, d’association et de réunion, les participant.es ont présenté l’état de la mise en œuvre et de la protection de ces libertés dans leurs pays respectifs. La plupart ont évoqué des lacunes dans ce domaine. En effet, bien que les États aient incorporé ces libertés dans leur Constitution et se soient engagés à les protéger, c’est rarement le cas dans les faits. Les gouvernements adoptent des lois qui restreignent le champ d’action des ONG, répriment violemment les manifestations, voire les interdisent, et usent fréquemment de la censure pour faire taire leurs opposant.es.     

Le dernier événement de la journée consistait en un jeu de rôle. Cet exercice a permis aux participant.es de réfléchir sur leur coopération avec les systèmes internationaux et régionaux. Ils/Elles se sont notamment penché.es sur les étapes à suivre pour soutenir les victimes de violation des droits humains, sur les mécanismes auxquels recourir et, plus important encore, sur les résultats attendus.

Le dernier jour, les débats ont porté sur la protection des défenseur.es, notamment au plan national, les risques de représailles en raison de la coopération avec les mécanismes relatifs aux droits humains et les types particuliers de violations auxquels les femmes défenseures doivent faire face pour mener à bien leur travail.   

Pour conclure ces trois journées de formation, quelques participant.es ont partagé leur expérience des mécanismes internationaux et régionaux relatifs aux droits humains et présenté les obstacles qu’ils/elles ont dû franchir dans ce contexte. Enfin, les participant.es se sont regroupé.es pour élaborer des stratégies de coopération future.

Contact : Adélaïde Etong Kame, consultante spécialiste du plaidoyer pour l’Afrique auprès d’ISHR, [email protected]

Photo: John Gbenagnon/ ACDHRS

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