ACHPR61 | Vers une meilleure protection des défenseur.es au niveau national

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Au cours du Forum des ONG précédant la 61ème session de la Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples, le Service International pour les Droits de l’Homme (sigle anglais ISHR) a organisé un panel sur l'état de la promotion et de la protection des défenseur.es des droits humains au niveau national.

 

L’événement, qui s’est tenu le 30 octobre 2017, visait à présenter les développements dans les pays africains ayant déjà adopté des lois nationales pour la promotion et la protection du travail des défenseur.es des droits humains. C’était également l’occasion de discuter des prochaines étapes à entreprendre pour les pays ayant démarré le processus pour l’adoption de telles lois.

La discussion a été modérée par Clément Voule, directeur du plaidoyer sur l’Afrique chez ISHR et chargé du programme sur les Etats en transition. Elle a réuni cinq intervenant.es issu.es d’ONG de défense des droits humains. Ces dernier.es ont analysé les progrès réalisés par les différents pays en vue de la promulgation et de la mise en œuvre d’une loi protégeant les défenseur.es et les soutenant face aux défis auxquels ils/elles sont confronté.es.

Mélanie Kombate du Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains a souligné la nécessité de continuer le plaidoyer auprès du Mali, afin que le pays intègre une disposition spécifique pour la protection des femmes défenseures des droits humains dans sa nouvelle loi sur les défenseur.es.

Olivia Tchamba de Frontline Defenders a quant à elle présenté la campagne «Soutenons les droits de l’Homme – soutenons les défenseurs des droits de l’Homme». La campagne invite à soutenir la loi sur la protection des défenseur.es au Mali récemment promulguée, et encourage sa mise en œuvre. Olivia a expliqué à quel point il est important que les communautés locales comprennent la valeur du travail que les défenseur.es font pour eux. « Sans cette compréhension, les communautés ne voient pas la nécessité de soutenir la loi ou de défendre leurs droits », a-t-elle déclaré.

Certain.es participant.es venu.es de Mauritanie et de la République Démocratique du Congo ont sensibilisé le public à la situation des défenseur.es des droits humains dans leurs pays respectifs et à la nécessité cruciale d’une loi les protégeant.

Florence Ouattara, coordinatrice nationale de la Coalition Burkinabè des Défenseurs des Droits Humains, a donné un aperçu de la loi récemment promulguée au Burkina Faso. Elle a souligné que certaines dispositions affectent négativement l’objet de la loi. À titre d’exemple, elle a souligné l’article 16 qui permet à l’État d’expulser les défenseur.es des droits humains dès lors qu’ils/elles sont considéré.es comme des menaces à la sécurité nationale.

« Tant que l’État dépréciera le travail des défenseurs des droits humains, ils ne pourront pas se sentir en sécurité dans leur travail », a déclaré Clément Voule.

« La Côte d’Ivoire a été le premier pays du continent africain à disposer d’une loi promouvant et protégeant les défenseurs des droits humains », a expliqué Marthe Pedan Coulibaly, coordinatrice nationale de la Coalition ivoirienne des défenseurs des droits humains. Cependant, en repensant à sa mise en œuvre, elle a décrit un chemin « parsemé d’embuches » pour les défenseur.es qui tentaient de plaider en faveur de ladite loi. Elle a également souligné que ceci n’était que le premier pas. « Nous devons continuer à faire pression sur l’Etat pour une mise en œuvre concrète de cette loi ».

Le panel s’est terminé par les remarques de clôture de Clément Voule, rappelant aux participant.es que, comme le montrent les exemples donnés par les intervenant.es, les organisations de la société civile peuvent jouer un rôle important dans l’élaboration de lois nationales pour la protection des défenseur.es des droits humains.

Photo: ISHR

 

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