Forum des ONG | La société civile africaine exprime ses préoccupations au Rapporteur spécial de la Commission Africaine sur les défenseur.es

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Le 24 avril, le Service International pour les Droits de l’Homme (sigle anglais ISHR) a organisé une réunion entre le Rapporteur spécial sur les défenseurs des droits de l’Homme de la Commission Africaine et les défenseur.es qui participaient au Forum des ONG.

Élu lors de la 61èmesession ordinaire de la Commission Africaine en novembre dernier, le Rapporteur spécial, Remy Lumbu Ngoy, a rencontré 15 défenseur.es originaires de toute l’Afrique.

Au cours de cette réunion, le Rapporteur a présenté sa mission et a souligné le caractère essentiel du travail effectué par les défenseur.es à l’échelon local. Il a encouragé les participant.es à continuer d’échanger avec lui aussi souvent que possible afin de le tenir informé de la situation des défenseur.es des droits humains sur le terrain.

Les défenseur.es ont ensuite pu fournir au Rapporteur des informations de première main quant aux problèmes qu’ils/elles rencontrent quotidiennement. La difficulté à obtenir les ressources financières et humaines nécessaires a notamment été évoquée. Les défenseur.es ont par ailleurs demandé au Rapporteur spécial d’axer son action sur les violences exercées par les forces de l’ordre contre les chefs et défenseur.es communautaires, et notamment les femmes, dans le cadre de leur travail. En effet, des expulsions forcées de communautés orchestrées par le gouvernement ont eu lieu récemment, comme à Marievale en Afrique du Sud. Les défenseur.es ont insisté sur le soutien crucial dont ils ont besoin pour défendre les droits sociaux, économiques et culturels.

Ils ont également attiré l’attention du Rapporteur spécial sur la nécessité de prendre des mesures afin de faire appliquer les décisions de justice à l’échelle nationale, ainsi que les communications délivrées par la Commission Africaine. Bien souvent, les communautés et les défenseur.es n’ont pas les moyens de faire pression sur le gouvernement lorsque ce dernier refuse de mettre en œuvre des décisions.

Les défenseur.es qui travaillent sur les questions relatives aux entreprises et aux droits humains ont souligné les difficultés qu’ils/elles rencontrent dans le secteur minier. Leur principale préoccupation est de parvenir à travailler aux côtés des communautés qu’ils/elles essaient de protéger tout en s’assurant que ces communautés comprennent leur rôle de défenseur.es. Toutefois, en s’opposant au secteur minier, ils/elles s’exposent souvent à des restrictions encore plus sévères de leur travail.

Enfin, les défenseur.es ont exprimé leur inquiétude concernant le projet de loi qui est actuellement examiné en République démocratique du Congo. Si elle est adoptée dans son état actuel, cette loi sera contraire aux principes internationaux en matière de droits humains et limitera encore davantage le travail des défenseur.es des droits humains, au lieu de le faciliter. Prenant acte de l’inquiétude légitime des défenseur.es, le Rapporteur les a assuré.es que cette question était au cœur de ses priorités et qu’il allait continuer de faire campagne pour que ce type de lois soit systématiquement en accord avec la Déclaration de l’ONU sur les défenseur.es des droits humains et d’autres principes internationaux. Il a par ailleurs affirmé sa volonté de suivre attentivement la question et d’appeler les pays africains à appliquer ces lois une fois adoptées.  

« Nous devons pouvoir compter les un.es sur les autres pour garantir le respect des droits humains et la protection de leurs défenseur.es en Afrique », a ajouté le Rapporteur spécial.

Photo: African Centre for Democracy and Human Rights Studies

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